OEHLENSCHLAEGER (A.)

OEHLENSCHLAEGER (A.)
OEHLENSCHLAEGER (A.)

OEHLENSCHLAEGER ADAM (1779-1850)

Oehlenschlaeger est le plus grand écrivain romantique danois, celui aussi dont l’œuvre manifeste le mieux les influences allemandes dont est né ce mouvement en Scandinavie. Il écrivit d’ailleurs indifféremment en danois ou en allemand. Bon vivant, issu d’un milieu bourgeois de Frederiksberg, il hésite, après de bonnes études, entre le droit et les lettres. S’il faut en croire une tradition passablement entachée de légende, la fameuse rencontre qu’il fit du polygraphe Henrik Steffens, Norvégien vivant en Allemagne, aurait décidé de sa carrière. Après une entrevue qui aurait duré seize heures et au cours de laquelle Steffens l’aurait initié aux théories nouvelles des Allemands Fichte et Schelling, Oehlenschlaeger se serait précipité chez lui pour écrire d’un seul jet Les Cornes d’or (1802): il s’agit des deux cornes à boire, en or, de l’époque viking, que des Vandales avaient volées. Oehlenschlaeger y voit une punition des dieux à l’encontre de la génération déspiritualisée de son temps et prêche donc un retour aux sources qui marque le début du romantisme nationaliste danois. Dans le même élan, ses Poèmes (1803) inaugurent ce que l’on est convenu d’appeler l’«âge d’or» danois en littérature. Il y reprend Les Cornes d’or et y ajoute des poèmes tirés des ballades médiévales ou folkeviser , des pièces célébrant les grands rois du passé, des descriptions amoureuses de la nature et un poème-programme, Le Jeu de la Saint-Jean , satire de l’«âge des Lumières» qui édicte les canons du romantisme naissant: culte du passé, droit à la passion contre les conventions bourgeoises, amour de la nature. Les Écrits poétiques (2 vol., 1805) ne font que développer cela. On en retiendra surtout «Le Voyage à Langeland» dont le but est de saisir «Jésus-Christ ressuscité dans la nature» — les saisons coïncidant avec les phases successives de la vie du Christ, l’évangile de la nature suffisant à éclairer la victoire de la lumière et du bien —, et «Aladdin» qui manifeste, de façon symbolique, la faillite de l’intelligence en face de la bonté. Ces textes valaient pour leur langue musicale, archaïsante avec grâce, évoluant avec bonheur sur des registres multiples. Ils posaient en même temps l’un des thèmes les plus féconds des lettres scandinaves: celui de l’opposition entre nature et culture.

Après un long séjour en Allemagne, où il fréquente Goethe, Oehlenschlaeger modifie toutefois sensiblement son orientation: aux excès de son romantisme juvénile il préfère maintenant le calme et l’objectivité d’un néo-classicisme inspiré par la Grèce. Son imagination refuse tout recours au délire et prend le parti d’un nationalisme plus cohérent. Ses Poèmes nordiques (1807) contiennent quelques-uns de ses plus grands chefs-d’œuvre, dont «Baldur le Bon», où l’impeccable maîtrise formelle assure la pertinence de la thèse — l’inévitable défaite du mal devant le bien. L’écrivain poursuit sa quête d’idéal à Paris où il fait jouer Axel et Valborg (1810) selon les règles de la tragédie classique française, puis à Rome où il écrit, en allemand, en s’inspirant de la vie du sculpteur islandais Thorvaldsen, la tragédie Corregio (1811).

Rentré définitivement au Danemark où il est professeur d’esthétique, Oehlenschlaeger se laisse aller à une querelle assez vaine avec Baggesen qui lui reprochait sa tendance à la sentimentalité et au moralisme. Mais il continue d’exalter le Nord ancien dans une série d’épopées dramatiques qui valent surtout pour la splendeur de la forme (ainsi, Hrolf Krake , 1828). Il est devenu le poète officiel du Nord. Le Suédois Tegnér le couronne solennellement de lauriers à Lund, en 1829. Les éreintements de la jeune critique qui lui reproche son manque de spontanéité et son esprit de système n’entameront nullement son optimisme, pas plus qu’ils n’interrompront l’exaltation généreuse des forces de la vie, des grands sentiments élémentaires et de l’humanitarisme qui finiront par faire de lui une sorte de mage à la Victor Hugo. Bien qu’elle soit fortement datée, son œuvre aura eu le mérite de faire du danois la grande langue littéraire qu’elle est restée : sonore, claire, susceptible de splendides images, surtout quand elle sait remonter aux sources anciennes.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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